Sector 7 광구
En entendant le réalisateur Yoon Je Kyoon1 parler du plan de production d’un blockbuster en IMAX 3D, ce qui lui fit immédiatement penser au film de James Cameron Avatar, Ha Ji-Won dressa l’oreille2. Si les films en 3D sont courants aux États-Unis, ce sera la première fois qu’on exploitera ce procédé en Corée. D’un budget de dix milliards de wons, tourné presque entièrement sur les grands plateaux du studio de Paju, dans la province de Gyeonggi, ce film réalisé par Kim Ji-hoon présente à la comédienne qui en interprètera le personnage principal un défi plus impressionnant que le monstre qu’elle devra y combattre.
Pour relever ce nouveau défi, Ha Ji-won est entourée de Oh Ji-ho, de Patk Chul-min et du vétéran Ahn Sung-Ki. L’action se déroule en mer de Chine, sur la plateforme pétrolière Secteur 7. Situé à quarante-trois milles nautiques au sud de l’île de Jeju, où le sous-sol est censé renfermer d’importants gisements pétrolifères, le bloc 7 ou Secteur 7 est classée JDZ, mais l’exploitation de cette zone de développement conjoint Japon-Corée3 n’ayant rien donné, la plateforme doit être évacuée. Les six hommes et deux femmes qui y travaillent font leur paquetage pour rentrer à la maison, sauf Cha Hae-jun (Ha Ji-Won), qui a décidé de rester. Au même moment, un hélicoptère dépose le superviseur chargé du départ (Ahn Sung-ki) qui se trouve être son oncle. La jeune femme en profite pour demander et obtenir de lui quelques mois supplémentaires pour poursuivre la prospection. L’équipe dans son ensemble décide alors de rester et signe ainsi sa perte car, dans les profondeurs de la mer, un monstre veille…
L’allusion à l’accord signé en 1978 entre le Japon et la Corée du Sud n’est pas fortuite : le scénario a bien été écrit comme une métaphore de la situation géopolitique. Quant au personnage qu’interprète Ha Ji-won (Cha Ha-jun), il fait référence à son père, décédé sur cette même plateforme vingt ans auparavant. Cette guerrière qui vaincra le monstre mais qui, surtout, continuera à chercher obstinément du pétrole représente la Corée du Sud, qui garde confiance en ses ressources souterraines, face au Japon qui a baissé les bras, symbolisé par l’équipe qui abandonne la plateforme .
« Ce tournage était un travail un peu particulier », dira Ji-won. Lorsqu’on voit le making of du film, on comprend très vite ce qu’elle a voulu dire. Tandis que Ahn Sung-ki — qui avait 59 ans sur le tournage — réalisait des acrobaties remarquables de souplesse pour son âge, Ha Ji-won effectuait des sauts depuis des endroits élevés, des glissades en plein virage à moto. Comme Jean-Paul Belmondo ou Jean-Marais en France, la comédienne coréenne ne se fait jamais doubler. C’est vrai qu’elle haletait souvent dans ce film, n’en déplaise à certaines critiques, et qu’elle se fit plusieurs entorses, heureusement bénignes, mais ces épreuves physiques étaient nécessaires pour atteindre l’objectif : devenir une guerrière capable de représenter l’Asie*.
1Chargé de la production et du scénario de Secteur 7.
2Ainsi qu’elle le relate dans son livre This Moment, publié en 2012.
3En raison de possibles ressources en pétrole sur cette zone, le Japon et la Corée du Sud ont signé en 1978 un accord pour un programme d’exploitation commun. Prévu pour une durée de cinquante ans, le projet, dont le Japon souhaite se retirer en 1986, est alors abandonné.
4La plongée sous-marine, que la comédienne pratique lors de ses voyages entre deux films, fait partie de ses moments de détente et d’émerveillement pour le spectacle offert par la mer et la sensation de libération qu’elle procure.
Si la comédienne a souffert sur ce tournage, elle y a ri aussi, grâce aux autres comédiens qui rivalisent de drôleries sur le plateau ou lui souhaitent son anniversaire alors qu’elle ne s’y attend pas. Ces moments d’amusement lui permettaient de relâcher la tension.
Sector 7 a été tourné à 99% en studio. Les scènes d’action étaient filmées devant un fond vert, sur lequel des images de synthèse seront par la suite incrustées par ordinateur afin de reconstituer le décor de la plateforme pétrolière. La 3D sera mise en place en post-production. Se battre ainsi dans le vide contre un ennemi invisible exige de la part des comédiens beaucoup d’efforts et d’imagination.
La préparation de Ha Ji-won pour ce film a réclamé qu’elle pratique la musculation, qu’elle s’entraîne à la plongée sous-marine1 et qu’elle obtienne le permis moto. « Le processus de tournage a été très dur mais, avec l’aide du réalisateur et de l’équipe, j’ai pu montrer de quoi je suis capable ! » dira-t-elle. Et Kim Ji-hoon, également satisfait d’elle, ajoutera : « La présence d’Ha Ji-won est une bénédiction pour le cinéma coréen. »
La plongée sous-marine, que la comédienne pratique lors de ses voyages entre deux films, fait partie de ses moments de détente et d’émerveillement pour le spectacle offert par la mer et la sensation de libération qu’elle procure.
As One (2012) 코리아
Le film retrace une histoire vraie, celle du tournoi par équipe féminin qui, lors des Championnats du monde de tennis de table de Chiba, au Japon, en 1991, réunit en une seule les équipes de Corée du Nord et de Corée du Sud. Cette réunification sportive avait été imaginée dans le but d'apaiser les tensions entre les deux Corées, exacerbées par la récente explosion en vol du Boeing 707 de la Korean Air Lines, dans laquelle 115 personnes avaient trouvé la mort, du fait d’un attentat perpétré par la Corée du nord.
Le film a été supervisé (scénario et entraînement des acteurs) par la championne sud-coréenne Hyun Jung-Hwa, multi-médaillée d’or, interprétée dans le film par Ha Ji-Won. Le principal défi pour la comédienne fut d’essayer de recréer une histoire vraie de manière convaincante. Pour y parvenir, elle observe « très attentivement le discours et le langage corporel de l'entraîneur Hyun ». L’actrice relèvera le défi, au point qu’aux championnats de 1990, les arbitres diront à Hyung Jung-Hwa : « Ha Ji-won te ressemble vraiment lorsqu’elle bouge et lorsqu’elle se balance ».
Pourtant, incarner une joueuse de tennis de table n’a pas été simple pour la comédienne, qui envisagea d’ailleurs de quitter le tournage. En état de panique, elle a dit son désarroi au réalisateur Moon Hyun-Sung qui lui a répondu : « Vous devez le faire ! L’état de panique qui est en vous signifie que vous avez de la passion ! »
Il fallait faire face aux défis. « Je ne savais même pas comment tenir la raquette. J’aime bien faire du sport, mais je ne suis pas douée pour les sports avec des balles. Mon swing était déplorable. De tous les acteurs, j’ai été celle qui a eu le plus de mal à s’adapter. » Elle précise que la peur des critiques l’incitait à jouer son rôle de championne de tennis de table à la perfection. Hyun Jung-Hwa lui montrait exactement comment elle devait faire. L'entraînement était intense. Si elle ne le demandait pas, le coach ne la laissait jamais se reposer. « Au début, j’étais tellement tendue que je ne pouvais ni plier, ni redresser les genoux. Je ne pouvais pas vraiment dormir à cause de la sévérité de mes crampes. Cela me faisait tellement mal quand je me réveillais le matin et que je marchais, sur le sol ! Chaque fois que je bougeais, j’entendais un bruit provenant de mon genou. » Blessé lors de son précédent tournage pour le blockbuster Secteur 7, ce genou faisait toujours souffrir la comédienne.
Elle devait, en outre, garder des bandages de compression sur les jambes pour agir sur la circulation sanguine et, pour avoir le corps moins lourd, elle restreignait ses apports alimentaires. Ha Ji-Won travaille très dur lors de la préparation qu’elle s’impose pour chacun de ses rôles. Nous en avons la preuve avec le témoignage de Lee Jong-Suk, qui interprète dans le film un joueur de la délégation nord-coréenne. C’était la première fois qu’il se rendait au stand d’entraînement de tennis de table : « Je regardais le visage de ma sœur aînée Ji-won, couvert de sueur, alors qu’elle continuait de frapper les balles et, comme chaque fois, je voulais lui demander : Mais Ji-won noona, vraiment, tu n’es pas fatiguée ? »* La motivation et la concentration extrême de la comédienne pour relever ce défi avait transformé son approche de ce sport. Elle ne s’ennuyait plus, au contraire elle s’amusait, au point de rêver qu’elle faisait du tennis de table ! L'entraînement intensif des acteurs dura sept mois. Il n’y a pas eu besoin de doublures.
Dans une conférence de presse, elle précise : « C’est vraiment une production créée par l’esprit combatif des membres de la distribution. J’ai réalisé à quel point c’est un sport fascinant. Même si c’était parfois difficile. Le processus d'entraînement du tennis de table est plus dur que la préparation d’une scène d’action. » Elle dit également : « J’ai été émue aux larmes quand j’ai vu le scénario et j’espère que la sincérité du film pourra être transmise au public. » Lors d’une émission de télé, elle montre sur l’affiche du film son visage en pleurs et précise : « Nous avons tous tellement pleuré que nos visages étaient déformés. C’est la première fois que je pleure avec ce genre d’expression, comme sur la photo de l’affiche. Je n’avais pas ressenti cela avant. »
Cette sincérité des acteurs, mais également des figurants, soucieux de recréer un événement historique, fera de As One un grand film sur l’amitié et l’amour. « L’objectif était de toucher le cœur des jeunes, qui n’étaient pas très intéressés par l’unification », précisera Ha Ji-won.
Han Ye-ri
La performance de la jeune comédienne Han Ye-ri dans le rôle de la championne nord-coréenne Yoo Soon-bok l’a distinguée aux Baeksang Arts Awards de 2012 comme la “meilleure actrice débutante” de l’année. En 2020, elle joue magnifiquement Monica, une jeune mère de famille américano-coréenne qui emménage avec son mari et ses deux enfants dans une petite ferme de l'Arkansas pour vivre leur ''rêve américain''. Elle a pour partenaire la merveilleuse Yoon Yeo-jeong, qui interprète sa mère,
Bae Doo-na
Comédienne à la personnalité mystérieuse, très loin des stéréotypes, Bae Doo-na révèle un talent aux multiples facettes à travers la diversité des rôles dans lesquels elle excelle. Lors d’une interview, elle déclare : « Quand je choisis un film, je choisis un personnage que je comprends. Ensuite, je déploie les efforts nécessaires pour être prête professionnellement : le tir à l’arc, le tennis de table ou le kick-boxing pour assurer les scènes de combat. Pour Je suis là, j’ai dû apprendre le français ! Ce sont ces entraînements concrets qui me permettent de mieux comprendre un personnage et de le jouer au naturel. »
Les choix éclectiques de Bae Doo-na l’ont amenée à jouer dans des films d’auteurs à message social comme About Kim Sohee (2022), d’autres fois pour des productions commerciales américaines comme Cloud Atlas (2012). Dans As One, elle interprète la championne nord-coréenne Li Bun-hui. Le tournage de ce film a exigé des comédiennes un grand contrôle. Bae Doo-na devait maîtriser ses émotions, ses rires ou larmes. Elle devait, comme ce fut le cas pour Ha Ji-Won, ressembler le mieux possible à la championne qu’elle interprétait. Même si elle se débrouillait mieux que Ha Ji-won au tennis de table, pour avoir pratiqué ce sport dès l’école primaire, Bae Doo-na tenait à être la plus authentique possible, jusqu'à s’adapter à jouer de la main gauche, la championne nord-coréenne étant gauchère, ce qui n’a pas été simple pour la comédienne, qui manquait de force dans la main gauche en comparaison avec la main droite qui en avait trop… A la différence de sa partenaire, Bae Doo-na devait interpréter Li Bun-hui d’après une simple description, que lui avait faite le réalisateur Moon Hyun-Sung : « Une athlète au tempérament fier ».
Les deux comédiennes ont été pleinement récompensées de tous ces efforts, grâce auxquels elles réussirent une interprétation parfaitement ressemblante des deux championnes de tennis de table. Lors d’une interview1 accordée après le tournage, Bae Doo-na a précisé : « Lorsque le tournage a commencé, je suis devenue Lee Bun-hui et j’ai senti mon cœur s’emballer. Maintenant, je sors progressivement de son ombre. »
Bae Doo-na aurait aimé rencontrer la championne de Corée du Nord Li Bun-hui. Dans une interview2, elle précise qu’elle aurait eu beaucoup de choses à lui dire. « Si seulement j’avais pu la rencontrer pendant trente minutes pour lui demander si mon interprétation convenait », confia la comédienne en larmes. D’ailleurs, à l’instar d’Ha Ji-won, Bae Doo-Na n’avait pas tout de suite accepté ce rôle, que quelqu’un d’autre, pensait-elle, pouvait jouer tout aussi bien, mais le réalisateur s’est montré tout aussi persuasif à son égard qu’il l’avait été avec Ha Ji-won et Bae Doo-na a accepté d’interpréter ce rôle difficile.
1Extrait du livre This moment de Ha Ji-won, publié en 2012.
2Jo Jeong-Won pour Issue Reporter
The Huntresses 조선미녀 삼총사
Nous sommes sous la dynastie Joseon, où trois épéistes hors pair nommées Jin-ok (Ha Ji-won), Hong-dan (Kang Ye-won) et Ga-bi (Son Ga-in), forment un trio de chasseuses de primes. Elles reçoivent leurs missions de Mu-myeong (Ko-Chang-seok) — un équivalent de Charlie, le patron des Drôles de dames. L’intrigue nous entraîne à la recherche d’un spectroscope, envoyé comme cadeau au roi de Corée. Le convoi est intercepté sur la route, les porteurs assassinés et le précieux présent volé. Le chef des assassins qui détient dès lors le spectroscope compte le remettre à l’émissaire de l’empereur de Chine de la dynastie Qing et obtenir en échange le royaume de Corée à la place du monarque actuel.
Pour jouer dans ce film, les acteurs devront effectuer au préalable une préparation physique. Ha ji-Won apprend ainsi à faire la danse du ventre, qu’elle pratiquera, avec ses deux partenaires féminines, d’une manière drôle et sexy. Elle prendra beaucoup de plaisir à tourner dans ce film. Kang Ye-won — qui avait joué au côté de Ji-won dans Miracle on 1st Street et Haeundae — retrouve avec le rôle qu’elle interprète dans The Huntresses ses plaisirs d’enfant, lorsqu’elle jouait avec des bâtons aux héros de Star Wars. Certaines scènes assez dramatiques font contraste avec le genre principalement comique du film. On y retrouve le mélange de genres assez caractéristique du cinéma coréen. On y remarque également des similitudes avec d’autres films où joue Ha Ji-won. La scène où elle retrouve son père enchaîné, par exemple, trouve un écho dans celle du père, tournée l’année suivante pour la série Impératrice Ki. De même, la scène de duel avec Joo Sang-Wook fait penser au duel amoureux entre Namsoon et Sad Eyes dans Duelist.
Le réalisateur Park Jae-hyun, quant à lui, est impressionné par le talent comique du trio de jeunes femmes : « Leurs combats prennent des allures à la fois drôles et fortes, dans la manière d’un Jackie Chan, le sex appeal en plus », dira t-il avant d’ajouter : « Les femmes, dans les films, doivent être les sujets d’une action et non la cible d’une réaction. Il faut qu’elles prennent confiance en elles. »
Ce film — qui aurait très bien pu devenir une série — se déroule sur un rythme endiablé, qui crée, dans certaines scènes, une atmosphère de parodie de James Bond ou de Chapeau melon et bottes de cuir, version coréenne, époque Joseon. La bonne humeur et la drôlerie qui le caractérisent ont fait dire à Ha Ji-won, lors d’une conférence de presse en 2014, que c’est un film « à voir pour les fêtes du nouvel an lunaire, qui fait rire et commencer l’année en riant, en apportant peut-être davantage de bonheur. » .
Son
Ga-in, chanteuse du groupe de K pop Brown Eyed Girls, a joué au côté de Ha Ji-won dans Closer to
Heaven, en 2009.
Drôles de dames, série télé américaine de 1976 avec Jaclyn Smith, Kate Jackson et Farrah Fawce
Chronicle of the blood merchant 허삼관
Un très beau film.
L’histoire se déroule dans la période de l’après-guerre de Corée. Il s’agit d’une adaptation du roman de l’auteur chinois Yu Hua, dont l’action se déroule en Chine durant les années 1950 à 1980. Deuxième réalisation de l’acteur Ha jung-woo après Fasten your Seatbelt en 2013, le film brosse le portrait d’une société qui a besoin de s’amuser, au sortir d’un conflit de trois années, ayant fait des milliers de mort d’un côté comme de l’autre. Le ton des premières séquences rappelle par moment le style des comédies à l’italienne de Dino Risi. Mais ce film, où l’émotion est omniprésente, prend une tournure dramatique au fur et à mesure que les images défilent à l’écran.
Heo Ok-ran (Ha Ji-won) est l’épouse de Heo Sam-gwan (Ha Jung-woo), qui vend son sang pour nourrir sa femme et ses trois enfants. Une rumeur se répand dans le village, selon laquelle le fils aîné de Sam-Gwan n’est pas son fils, rumeur qu’un test de paternité viendra confirmer. Heo Sam-gwan va rejeter cet enfant qui n’est pas le sien, mais pour un temps seulement. S’ensuivront pas mal de bouleversements et de larmes, avant un dénouement heureux autour d’un bon plat coréen à base de poisson, dégusté en famille — scène typique du cinéma coréen où la cuisine est très présente.
Ha Jung-woo a précisé lors d’une conférence de presse que, s’il avait beaucoup réfléchi avant de faire ce film, il avait immédiatement pensé à Ha Ji-won pour être sa partenaire. Il ajoute que pour le personnage de Kim Yong-Gun, qui interprète son père dans le film, il s’est inspiré de son propre père, puisant dans ses souvenirs la manière dont celui-ci jouait avec lui quand il était enfant.
Ha Ji-won, qui apprécie la bonne cuisine de son pays, vante les talents de cuisinier de Ha Jung-woo. (On comprend mieux les dernières images du film !) Durant le tournage dans les villes Hwacheon-gun et Jeollanam-do, les comédiens logeaient ensemble dans des sortes de pensions. Le réalisateur faisait lui-même la cuisine et préparait les repas pour tous. « C’était délicieux, précise-t-elle. Il y avait des pommes de terre bouillies dans de la sauce soja… »
« Bien que lui et moi avions le même âge, j’avais l’impression qu’il était mon frère aîné. Il s’occupait beaucoup de moi, déclara Ha Ji-won. Comme il a expérimenté à la fois la mise en scène et le jeu d’acteur, il a vraiment essayé de comprendre les difficultés des interprètes. Grâce à lui, j’ai pu terminer ce film confortablement. » François Truffaut disait : « La plus haute mission du metteur en scène est de révéler les acteurs à eux-mêmes ; pour cela, il importe déjà de bien se connaître soi-même. » Mission accomplie pour Ha Jung-woo !
Chronicle of the blood merchant a été tourné au printemps 2014. En été 2015, Ha Jung-woo reprendra sa casquette d’acteur pour faire partie de la distribution de Mademoiselle, de Park Chan-wook, avec pour partenaires féminines Kim Tae-ri et Kim Min-hee. Le film sera présenté au festival de Cannes 2016, dans la sélection officielle, en compétition pour la Palme d’or.
Life risking romance 목숨 건 연애
Mélange de genres entre des scènes loufoques et des périodes de tension, le film reste malgré tout une parodie de thriller. Han Ji-in (Ha Ji-won) est une auteure de roman policier en manque d’inspiration… jusqu’à ce qu’on retrouve dans des valises les corps entièrement nus de femmes assassinées. Ce fait divers va raviver son imagination, surtout si le tueur en série rôde autour de son habitation. L’écrivaine va mener l’enquête, le stylo à la main, en compagnie de son ami Seol Rok-hwan (Chun Jung-myung), amoureux transi et maladroit, qui reste auprès de Ji-in depuis l’enfance. Des flash-back les montrent âgés d’une dizaine d’années, qui volent de vieux jouets à un chiffonnier. Comme celui-ci les surprend, ils se sauvent en criant, se tenant par la main. On les voit ensuite qui courent toujours, mais cette fois, ils ont une vingtaine d’années, ils sont étudiants, portent des pancartes et c’est la police qui les poursuit. Par la suite, Ji-in fait comprendre à Rok-hwan que, pour écrire un roman policier, elle aurait besoin de données réelles ; en d’autres termes, d’un complice infiltré dans la police, qui lui apporterait des renseignements… C’est ainsi que Rok-hwan deviendra policier.
Cette comédie baigne dans l’atmosphère d’une série noire — à la manière de Vivement Dimanche de François Truffaut, avec le couple Fanny Ardant-Jean Louis Trintignant — et l’humour d’Alfred Hitchcock apparaît dans certaines scènes. Ce cinéma de divertissement est une réussite dans « ses » genres.
Jolie, cabotine à souhait avec ses mimiques si particulières, Ha Ji-Won interprète, à contre-emploi de ses rôles habituels de femmes guerrières et intrépides, une personne maladroite dans ses mouvements, une sorte de Sherlock Holmes au féminin, qui porte cape et béret. S’agissant de cette tenue vestimentaire, on peut supposer que la comédienne l’a choisie et qu’elle a fait elle-même les boutiques afin de rassembler les vêtements qui la composent, comme cela lui est arrivé pour d’autres tournages.
Le troisième protagoniste de l’histoire, Jason Chen (Chen Bolin), est un mystérieux séducteur, qui se présente comme un profileur du FBI. Han Ji-in le soupçonne d’être le tueur. C’était un rôle tout à fait nouveau pour le comédien taïwanais. Comme il ne parle pas coréen, il communiquait sur le plateau en anglais. Cela ne posa aucun problème à la comédienne qui se débrouille très bien dans la langue de Shakespeare… et dont le professeur d’anglais n’était jamais très loin.
Pour le réalisateur Song Min-kyu, avoir Ha Ji-won dans le rôle principal était une priorité.
(Légende photo)
Extrait d’une séquence entre Han Ji-in et Jason Chen. Les deux personnages se promènent. Il ne sait pas qu’elle a des doutes sur lui.
Jason Chen : « Nous avons eu un cas similaire à Miami. L’enquête, à l’époque, nous avait désigné un suspect principal, mais il est mort dans un accident de voiture. »
Han Ji-hin : « Oh ! vraiment ? »
Jason Chen : « Il avait été maltraité par sa mère dans son enfance. Sa mère était une prostituée. Elle amenait des hommes chez elle. Alors, à chaque fois, il devait se cacher dans une grosse valise. Et c’est pourquoi il choisit des femmes immorales pour les tuer et qu’il met leur corps dans une valise. »
Elle le regarde d’un air inquiet.
Han Ji-hin : « Que c’est triste ! S’il avait eu une belle enfance, il n’aurait pas tué ces femmes. »
Jason Chen : « Donc vous pensez qu’il n’était pas mauvais ? »
Han Ji-in : « Non, pas mauvais ! Regardez les enfants, ils sont tous des anges. »
Jason Chen en s’approchant de la jeune femme qui reste méfiante, lui dit « Vous êtes un ange à mes yeux, Ji-in. »
il choisit des femmes immorales pour les tuer et met leur corps dans une valise
Pawn 담보
Le film démarre réellement à l’apparition de la petite Seung-yi, magnifiquement interprétée par la jeune Park-So-Yi. Enfant star, mannequin vedette, elle n’avait que huit ans sur le tournage. Comme souvent dans le cinéma coréen, l’émotion domine mais dans ce film particulièrement, il convient d’avoir un bon stock de mouchoirs près de soi !
Pressée par deux agents de recouvrement, les frères Doo-Seok (Seong Dong-il) et Jong-bae (Kim Hee-Won), une immigrée clandestine consent à leur laisser son enfant comme garantie. Confiée à des gens sans scrupules qui l’utilisent comme bonne à tout faire, la fillette connaît tout d’abord des moments difficiles, mais les deux compères viendront l’arracher à l’emprise des personnes qui la maltraitent, s’occuper d’elle et devenir ses tuteurs Un véritable lien paternel va naître entre Doo-Seok et la jeune Seung-Yi, qui voudrait bien qu’il arrête de l’appeler « garantie » alors qu’elle l’appelle « papa ». Park So-Yi laisse ensuite la place à la comédienne Hong Seung-Hi, qui interprètera Seung-Yi, adolescente, en étudiante qui réussit brillamment ses études. Ha-Ji-won prendra enfin le relai pour jouer Seung-Yi adulte, avec toute la tendresse et l’émotion de la petite fille qui est en elle.
Le réalisateur Kang Dae-Gym avait déjà travaillé avec Ha Ji-won en tant qu’assistant réalisateur sur Duelist, de Lee Myung-Se, en 2005 et The Last Day (Haeundae), de Yoon Ji-Kyoon, en 2010.
L’acteur principal Sung Dog-Il avait joué aux côtés de Ha Ji-Won dans Chronicle of a Blood Merchant, de Hae Jong-Woo, en 2015.
La comédienne, qui avait été émue aux larmes en lisant le scénario la première fois, déclare : « Après avoir lu le scénario, j’ai pensé que nous devons entendre ce genre d’histoire percutante qui donne un sentiment d’espoir et de positivité. J’ai pu comprendre les émotions de Seung-yi. Je suis sûre que de nombreux spectateurs seront touchés par l’inhabituelle relation entre Seung-yi, Doo-Seok et Jong-Bae. »
Les liens filiaux, les liens humains entre gens qui vivent dans le même foyer, liens du sang ou pas, mais avant tout liens familiaux par le cœur, sont des thèmes qui ne pouvaient que toucher la comédienne.
Le réalisateur Kang Dae-Gyu déclare à son sujet : « Ha est une actrice fiable, qui est capable d’évoquer des émotions réalistes par sa performance. Même lorsque nous avons dû filmer la même scène plusieurs fois, elle était toujours prête à faire appel à la même émotion en jouant le personnage. »